Instruments lourds et santé : Porter ou ne pas porter ?

Cette année de nouveau, j’ai eu la chance de donner un atelier Ipaia dans le cadre des Akkordeon Tage Schweiz à Sursee, en Suisse.

Comme dans la plupart de mes ateliers, nous avons pratiqué un cours de yoga doux, spécialement pensé pour les accordéonistes, pour enfin passer à la théorie et notamment à la partie où je parle du poids de l’instrument, de la façon de bien le manipuler et de le transporter au quotidien.

Après avoir partagé mes milles et une astuces pour éviter de porter l’instrument au maximum, je vois qu’une des participantes (très sympathique au demeurant) me porte un regard sceptique. 

Evidemment ouverte à la critique et surtout curieuse d’avoir son avis, nous avons échangé nos points de vue en toute bienveillance, voici le résumé de notre conversation.

Ce que nous avons dit n’est pas spécifique à l’accordéon et vous intéressera tout autant si vous jouez et transportez un instrument lourd, quel qu’il soit.

S’économiser

Avant d’avoir cette discussion avec L., il était pour moi évident de suivre et de partager cette règle d’or : il faut éviter de porter son instrument lourd au maximum.

De cette règle d’or découle toute une série de décisions prises au quotidien, d’habitudes à mettre en place lors du jeu, du travail personnel, des répétitions mais aussi du transport.

Elles sont différentes selon les instruments mais voici les grandes lignes :

_ toujours privilégier sa santé à celle de l’instrument. Cela se reflète par exemple dans le fait d’utiliser un diable (ou étui à roulettes) pour les transports, même si les vibrations ne sont pas idéales pour la mécanique, le bois …

_ aménager son coin de travail voire son lieu de vie pour manipuler l’instrument le moins possible. Quelques exemples, à adapter aux possibilités de chacun·e : travailler au rez-de-chaussée, travailler et entreposer l’instrument le plus près possible de la porte d’entrée, aménager une table / une commode / un support pour déposer l’instrument à hauteur de jeu (et non par terre)…

_ travailler efficacement pour ne pas allonger inutilement le temps passé dans la posture de travail. Concentration, travail des passages difficiles en priorité, pauses planifiées et respectées.. la liste est longue et passionnante !

S’entraîner

Le point de vue de L. est simple et finalement évident : tout comme en sport, c’est en répétant un mouvement, en habituant le corps à un effort, que celui-ci se muscle, se renforce, s’adapte, et gagne en endurance.

Les mesures citées ci-dessus deviennent donc superflues, voire contre-productives, puisqu’elles protègent trop le corps, d’une certaine manière.

Trouver le juste milieu

L. et moi nous sommes quittées en très bon terme : nous avons décidé que chacune avait raison, et voilà pourquoi.

Mon point de vue est celui d’une musicienne professionelle, qui a énormément porté son instrument que ce soit sur scène, dans les transports en commun bondés, dans les gares les jours d’ascenseurs en panne, le long des couloirs sans fin des conservatoires…

Musicienne qui n’a par ailleurs pas été sportive jusqu’à ses 19 ans et a donc « mal » porté son instrument, sans engager les muscles nécessaires.

Mon erreur est de parfois oublier que notre parcours, notre routine de jeu et notre éducation physique sont propres à chacun·e

Une personne qui a appris à porter une charge lourde sans se blesser, qui sait doser son effort ne devra pas forcément éviter de porter son instrument à tout prix : en le portant régulièrement, elle cultive son endurance et entretient la musculature nécessaire

L’attitude à privilégier me semble donc être la synthèse de notre conversation avec L. : comprendre son corps, le muscler et apprendre à bien porter son instrument tout en sachant s’économiser, notamment lors de l’apparition de douleurs aiguës.


Si vous souhaitez prendre soin de votre dos, vous trouverez un exercice ici et un autre !

Bonne pratique !

Fanny Mas

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