Cet article s’adresse à tou·te·s les enseignant·e·s qui ont déjà tenté de résoudre le problème suivant :
Vous enseignez un instrument qui se joue en position assise et votre classe est constituée d’élèves agé·e·s de 5 à 60 ans : Trouvez-leur une chaise ergonomique, qui favorise une bonne posture à l’instrument, qui n’implique aucun risque de chute et qui s’adapte à toutes les tailles.
Temps imparti : Avant la fin de votre carrière, ce serait bien.
Ici une liste de solutions essayées mais non approuvées, la hauteur idéale étant celle qui permet un angle droit au niveau des genoux (pieds bien à plat et cuisses parallèles au sol).
Le tabouret de piano rectangulaire : très lourd à manipuler et souvent trop haut pour les plus petit·e·s élèves, même en position la plus basse. Rappelons que tout ce qui est lourd a tendance à rester en place longtemps, ce qui ne facilite pas la flexibilité, la créativité de la pédagogie instrumentale.
Le tabouret de piano rond : très souvent instable et pas « fixe » dans les hauteurs intermédiaires. Avez-vous déjà essayé d’avoir une discussion sérieuse avec un enfant qui tourne sur son tabouret ? Et c’est encore plus rigolo si le tabouret couine, bien sûr.
La chaise qui traine dans le coin : a-t-elle des accoudoirs ? L’assise est-elle rembourrée ou non, inclinée ou non ? Le dossier est-il incliné ? A-t-elle des roulettes (même question que précédemment avec l’élève qui roule alors que vous tentez de lui expliquer comment phraser une mélodie) ?
Admettons que la chance soit de votre côté : la chaise qui traine dans le coin n’a pas d’accoudoir, une assise parallèle au sol et non rembourrée, un dossier droit et pas de roulettes.. elle n’aura pourtant qu’une seule hauteur. Vous devrez donc trouver plusieurs chaises de la même famille mais de hauteurs différentes. C’est possible, encore faut-il avoir une salle de cours suffisamment grande et une direction qui soutient votre démarche et vous alloue le budget.
Ou utiliser des planches..
Les planches : Avoir une collection de planches dans un coin de la salle prend bien moins de place qu’une collection de chaises, c’est entendu. Il y a donc une chaise parfaite, format adulte, sur laquelle prennent place les élèves de toutes tailles. L’enseignant·e, qui a entre temps développé une extraordinaire jauge à planche, fait donc un tas de bois plus ou moins haut selon la longueur des tibias de l’élève.
Le cours commence, l’élève doit garder en tête que le sol sous ses pieds est instable et devra éviter de se lever avec trop d’élan. Il sera alors intuitivement « collé » à sa chaise, très peu mobile.
Il y a aussi la planche « sur mesure », parfaite pour l’élève, fabriquée par des parents créatifs qui soit ne veulent pas voir leur enfant grandir, soit leur font une nouvelle planche pour chaque taille gagnée. Reste le problème de la garde : reste-t-elle chez l’élève ? Dans la salle de cours ? Est-elle transportée partout avec l’instrument ?
Plus sérieusement : il existe heureusement des conservatoires qui ont trouvé une solution à ce problème ou qui du moins en comprennent l’importance et respectent les souhaits des pédagogues. Heureu·x·ses sont ces enseignant·e·s qui se sentent alors considéré·e·s et encouragé·e·s dans leurs réflexions pédagogiques, qui ne doivent pas « bricoler » et peuvent se concentrer sur des problématiques plus spécifiques à l’instrument.
Pour celles et ceux qui n’ont pas cette chance-là, il est important de sensibiliser les collègues et la direction à cette cause. Il est évident qu’un bon matériel induit un bon travail – il suffit simplement de comprendre que la chaise fait partie du matériel pédagogique, que celui-ci ne se résume pas seulement à l’instrument et aux partitions.
Rendez-vous dans le prochain article pour découvrir la solution du problème !
Fanny Mas